lundi 2 octobre 2006

Indigènes: la mémoire dans l'assaut.


Avec le repli des forces nazies, en 1943, les Alliès organisent, depuis le Maghreb, un débarquement en Italie. Jusque dans les villages les plus reculés d'Afrique du Nord, mais également dans toutes les colonies françaises, les recruteurs tentent de convaincre les habitants: ils doivent s'engager pour liberer la "patrie". Malgré les rétissences de sa mère, le frêle SaÏd (Jamel Debbouze) rejoint le 7ème bataillon commandé par le sergent Martinez. Là-bas, il y rejoindra Yassir (Samy Naceri)venu gagner l'argent nécessaire pour le mariage de son frère, Messaoud (Roschdy Zem)fasciné pour la France qu'il idéalise et enfin Abdelkader (Sami Bouajila) bercé d'ambitions. C'est alors le début d'une longue aventure pour les quatre hommes...
Il fallait s'en souvenir, le dire et le filmer. Se souvenir que des hommes sont morts pour libérer la France du nazisme. Des Français, des Anglais, des Américains, des Polonais et, oubliés des manuels d'histoire et de la mémoire collective: des Indigènes. Peu évoqués dans les manuels scolaires, l'engagement de ces 130000 tirailleurs algèriens, maroccains ou encore tunisiens sera pourtant déterminant pour le succès allié. "Indigènes" de Rachid Bouchareb, couronné d'un prix collectif d'interprétation masculine au festival de Cannes où il a été longuement applaudi pour son vibrant plaidoyer, dénonce donc l'injustice faite aux soldats venus des colonnies et rend hommage au rôle actif qu'ils ont joué dans la liberation de la France. Le film s'attarde ainsi sur quatre d'entre eux. En dépit d'une amertume croissante, ils vont aller jusqu'au bout de leur engagement, sur le front d'un village alsacien. Lors de cette ultime bataille, Rachid Bouchareb y saisit la peur, le dépacement de soi et l'imparable issue d'une lutte inégale. Ce grand moment de pur cinéma classe "Indigènes" à une position de choix dans le film de genre. Ce dernier ne reste pas cloisonné dans un "frère d'armes" du Maghreb. Il délivre un message fort pour dénoncer l'affront que la France fait à elle-même en niant le principe d'égalité et de fraternité. Affront d'hier en séparant les soldats en deux catégories, affront d'aujourd'hui à refuser aux vétérants des anciennes colonies le versement de leur pension. Une oeuvre nécessaire donc, doublée d'un bon film de guerre. Enfin, le site internet d' "Indigènes" s'inscrit dans la continuité du film. Il lance un appel au Président Chirac "pour l'égalité des droits entre les anciens combattants français et coloniaux" soulignant cette terrible vérité: "un français invalide de guerre vaut trois Sénégalais et onze maroccains". Après avoir assisté, ému, au film qui constitu une véritable réussite, Jacques Chirac a fait savoir que cette injustice serait réparée. Ce n'est que juste cause.

Adrien Chatelet

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Cet article, bien qu'un peu long (c'est adrien en même temps^^), est très intéressant car en plus de se pencher sur le film, on a en plus la page d'histoire made in adrien et c'est vraiment cool...enfin faut pas trop le dire sinon adrien va prendre la grosse tête^^

Anonyme a dit…

mon cher adrien après avoir aidé a tapé ce texte je suis en mesure de te faire de nombreux compliments comme d'habitude. C'est un article qui met bien en valeur l'inégalité entre les peuples et qui merite d'être applaudi. Merci beaucoup pour ce "court" résumé qui donne envie de voir ce film et de passer 2h à revivre cette histoire fantastique. Merci et vivement ton prochain article sur Johnny Hallyday!!!!!

Anonyme a dit…

merci adrien cet article est vraiment très intéressant et il donne vraiment envi de voir le film...(je sent que je vais encore verser une larme !!!) Les mauvaises langues diront qu'il est trop long, perso je le trouve très bien...

Bonne continuation a tous

Anonyme a dit…

Excellent article, il faut impérativement que j'aille voir ce film où les critiques sont unanimes. Bon travail Adrien.

PS : Il paraît que Johnny s'est fait "battre" par le téléfilm de France 3 samedi soir? C'esr dur pour l'idole des jeunes!

Anonyme a dit…

J'avais déjà envie de voir ce film et grace a ton article tu m'en donne encore plus l'envie.
tres bon article félicitation Adrien et merci pour la leçon d'histoire!

Anonyme a dit…

Tres bon article.J'est vue le film et je l'ai trouver avec un peu de longueur mais très proche de la réalité.S'est un film du genre a la mode s'est qui denonce comme "lord of war" ou encore "The Constant gardener".Comme il est ecrit dans le journal "Le Monde": "Indigènes procède en grande partie de cette idée utilitaire et spectaculaire du cinéma (...)" Thomas Sotinel.Voila, a oui aussi il y a deux troi touche d'humour.

Anonyme a dit…

Je n'ai toujours pas vu ce film mais ça ne va pas tarder... J'ai lu que Jacques Chirac avait constaté l'injustice et, qu’apparemment, les 84.000 anciens combattants coloniaux toucheront au 1er janvier 2007 les mêmes pensions que les autres. Les pensions de ces combattants coloniaux avaient été gelées en 1959 et, actuellement, ils touchent des pensions amputées de moitié voir des 2/3 par rapport aux soldats français. C’est tout de même « impensable » qu’il faille un film pour réparer une telle injustice … !! En tout cas l’article est bien fait !

Anonyme a dit…

les term nous habitue a de très bons articles.il serait peut-etre temps de voir ce dont les premieres sont capables...

Anonyme a dit…

juste un petit mot pour partager l'avis de john locke. il est vrai que nous attendions que les premières écrivent des articles sur ce blog et des commentaires. De plus, l'année prochaine se sera à vous de faire vivre ce blog, il serait bon de vous y mettre dès maintenant?!^^^^nous attendons vos articles avec impatience!!!!!

Anonyme a dit…

Félicitations Adrien pour la qualité de votre article ! Je découvre ici vos talents. J'ai le sentiment que ce film et l'injustice vêcue par ces combattants pendant si longtemps vous a profondément touchée.