dimanche 4 mars 2007

Inquiétude sur les marchés financiers chinois


Mercredi 28 février 2007, les Bourses chinoises (Shanghai et Schenzhen) ont subi leur plus forte chute de ces dix dernières années. La raison de ce "coup de froid" est directement liée aux comportements des investisseurs lesquels ont fait massivement le choix d'encaisser les bénéfices liés aux récentes augmentations (très fortes) des indices boursiers en Chine.
Quelles sont les raisons qui ont motivé le choix de ces investisseurs?
  1. La première raison à évoquer semble être directement liée aux rumeurs sur la politique économique du Gouvernement chinois désireux de "brider" la forte (trop?) croissance économique. En effet, les autorités chinoises envisageraient de surveiller davantage l'afflux rapide de fonds investis en Bourse afin d'éviter la formation d'une bulle spéculative.
  2. La seconde raison est liée aux déclarations successives d'Alan Greenspan (ancien gouverneur de la FED - il s'agit de la Banque centrale américaine) et de Rodrigo Rato (actuel directeur général du FMI - Fonds Monétaire International). Le premier a fait part de ses craintes quant à une éventuelle récession de l'économie américaine d'ici la fin de l'année 2007. Le second a émis deux craintes : l'amplification de la baisse de la monnaie japonaise (le yen) par les spéculateurs et l'ampleur des déficits américains.

Les craintes formulées par Rodrigo Rato et Alan Greenspan ne sont pas à prendre "à la légère".

  • Le directeur général du Fonds dénonce notamment les risques que font peser les opérations des investisseurs à travers la pratique des "carry trades" sur le yen. Le mécanisme des "carry trades" est relativement simple : les investisseurs empruntent sur le marché du yen où les taux d'intérêt sont les plus faibles du pays appartenant au G8 et ils replacent ces capitaux sur des marchés plus rémunérateurs comme les Etats-Unis ou l'Union Européenne. Il y a donc spéculation sur le yen qui contribue à renforcer le recul de la monnaie japonaise laquelle est proche de son plus bas niveau depuis 20 ans face aux principales devises comme le $ ou €. Compte tenu des fonds mobilisés par les "carry trades" - d'après les estimations de 200 à 1000 milliards de $ dans le monde - il y a un réel risque de destabilisation du système financier international... Ce risque n'est pas une pure "fantaisie de l'esprit" lorsque l'on connaît le comportement spéculatif des hedge funds lesquels effectuent des opérations d'arbitrage fréquentes entre le yen et des devises plus rémunératrices.
  • Les déficits américains sont alimentés par l'épargne mondiale directement liée aux importants excédents dans les comptes extérieurs des économies émergentes d'Asie (Chine, Japon) et des pays exportateurs de pétrole. Or, cette situation reste dangereuse à terme car si le dollar s'affaiblit brusquement alors la hausse des taux d'intérêt américains risquerait d'entraîner l'économie des Etats-Unis dans une récession affectant ainsi toute l'économie mondiale.

La chute des indices boursiers en Asie s'est propagée sur les places mondiales : le CAC 40 a ainsi baissé de -3.02% à Paris, l'indice DAX 30 a baissé de -2.96% à Francfurt et l'indice DOW JONES de -1.34 à la Bourse de New York... Cet "incident" survenu en milieu de semaine dernière soulève des questions pertinentes quant à l'état du système financier international. Les craintes évoquées ci-dessus sont-elles réelles?

  1. Une plus grande surveillance des autorités monéaires chinoises quant à l'afflux des fonds investis en Bourse sera la bienvenue. L'histoire financière (récente) a permis de montrer que l'instauration de règles prudentielles dans le cadre d'une économie de taille importante et très dynamique comme celle de la Chine permettrait d'éviter de fâcheux revers. Toutefois, la crainte d'une bulle spéculative semble peu probable compte tenu de la qualité des fondamentaux (abondance de liquidités, croissance du PIB à 10%, gains de productivité, amélioration constante de la rentabilité des entreprises côtées...)
  2. Le débat spéculation / marchés financiers est déjà ancien. La "technisisation" de la Finance a sans aucun doute rendu la spéculation plus complexe, plus forte et donc plus dangereuse pour le système financier international. Néanmoins, il convient de la part des autorités gouvernementales et des institutions internationales de s'imposer constamment cette vigilance.
  3. La crainte d'une récession américaine semble également à écarter pour l'instant car les fondamentaux sont là aussi relativement sains. Mais, il vaut mieux être vigilant...

Cédrick Enjary

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je tombe sur ce blog par hasard, mais je reste agréablement surprise du résultat. Je trouve votre démarche très intéressante du point de vue pédagogique, et enrichissant du point de vue économique et social. Un grand bravo aux bloggers! Continuez ainsi.
Aurélie.

Anonyme a dit…

merci mr Enjary de nous aider à faire revivre ce blog!!!un article très interessant même s'il est, pour ma part, un peu complexe!!!en tout cas j'ai saisi l'essentiel et il est vrai que cela risque d'être un futur sujet sur lequel nous devrons tous nous attarder!!!

Anonyme a dit…

salut c'est la première fois que je m'interesse à l'économie c'est complexe hi!!! on ma dit que tu avais un blog alors je viens faire un tour...
C'est pas vraiment mon truc l'économie j'ai déja du mal à faire mes comptes enfin chacun son truc en tout cas c'est très impressionant de lire un commentaire aussi pointu je ne te connaissais pas en tant que prof...
sur ce passe un bon wk tu recevras surement une carte dans peu de temps tchô
jeremy